samedi 21 avril 2007

Fin de partie

En réponse à l'argumentaire d'Henri (renvoyant la responsabilité du 21 avril 2002 pour l'essentiel à Jospin et au PS et appelant à voter Voynet sans culpabiliser), ce raisonnement était sans doutes utile vers les multiples indécis, en particulier les jeunes qui ne perçoivent pas encore les clivages essentiels entre les formations politiques (j'en ai entendu qui hésitent entre Bayrou et Besancenot - y'a du boulot pour qu'ils arrivent jusqu'à la lettre V).

Mais en tant qu'électeur espérant avoir un peu de recul sur notre histoire politique commune, j'essaie d'analyser une situation et de voter en conséquences, sans me cacher derrière d'autres responsabilités, parce qu'il s'agit d'abord de MA RESPONSABILITE D'ELECTEUR.

Cette fois ci, il est encore moins question de faire confiance aux sondages. D'autres éléments peuvent intervenir pour de nouvelles surprises : beaucoup de nouveaux électeurs plus jeunes, un bon tiers d'indécis, les idées de Le Pen encore plus encrées et banalisées, la place prise par Bayrou... Je ne sais pas lesquels des 4 "grands" candidats arriveront aux deux premières places le soir du premier tour. Et comme je ne veux pas 5 nouvelles années avec la droite, et encore moins avec Sarkozy, je vais voter pour Ségolène Royal. Les idées écologistes ne pourront avancer que dans le cadre d'une dynamique de gauche. Le programme du PS s'est amélioré sur la question écologique même s'il manque encore une perspective claire sur le nucléaire. Ségolène Royal me semble sincère en matière d'écologie. Je perçois de la cohérence dans ses propositions et une réceptivité pour intégrer le développement soutenable de manière transversale dans les politiques publiques. Ségolène Royal peut battre Sarkozy. Elle a gardé la cartouche du bilan de l'UMP pour le second tour. Et n'imaginez pas que je vais pour autant acheter un drapeau bleu blanc rouge pour l'agiter le 14 juillet.

J'ai d'abord défendu une primaire à gauche et me suis senti assez seul... J'ai ensuite espéré que les Verts auraient la sagesse de négocier une non candidature aux présidentielles, contre un groupe parlementaire à l'assemblée nationale, une représentation proportionnelle des élus verts dans les autres collectivités et bien sûr des aspects programmatiques. Le PS nous a fait des appels du pied en ce sens. Mais les Verts ont choisi de négocier en annonçant que notre candidature aux présidentielles n'était pas négociable... Que peut-on espérer obtenir si on n'a soi-même rien à lâcher ?
J'ai ensuite accepté l'idée d'une campagne des Verts aux présidentielles en espérant que nous porterions haut et fort le thème de l'urgence écologique, profitant de l'espace médiatique ouvert par Nicolas Hulot pour élargir notre base d'électeurs. Malheureusement, lors de notre AG nationale de Bordeaux, les porteurs de la motion "Urgence Ecolo" ont été mis en minorité par les responsable des 3 autres motions. Une large majorité était possible et cette AG a accouché d'une majorité étriquée. Les Verts se sont privés de l'énergie de nombreux militants et des relais qui auraient sans doutes permis de faire le lien avec la démarche de Nicolas Hulot. Ce coup était préparé à l'avance (la salle réservée à la motion UE était au 7ème étage alors que le restent des délégués travaillaient au rez de chaussée). Malgré une tentative de rébellion menée par quelques-uns d'entre nous (essentiellement des Midi-Pyrénéens) ou nous avons réussi à réunir 100 à 150 délégués sur l'idée d'une majorité à 4 motions, rien n'y a fait. Je me rappelle encore Alain Lipietz venant nous expliquer que sa motion (Audace) était pour une alliance à 4, mais que si les porteurs de la motion Espoir en Actes (qui ont fait le mort à chaque tentative de négociation) n'en voulait pas, Audace choisirait l'alliance à 3 sans UE...

Pourquoi je raconte tout ça... Pour vous expliquer que la campagne mi chèvre mi choux de Dominique Voynet est l'abord la conséquence d'un choix collectif des militants, bien orienté il est vrai, par les manoeuvres de tous ceux qui ont préféré se répartir les postes clés entre 3 motions plutôt qu'entre 4, qui ont fait primer leurs intérêts personnels sur l'intérêt collectif. Résultat : alors que la gauche du PS est encombrée de candidats, on s'y retrouve dans le même sac que 3 autres (je mets quand même Laguillet et Chivardi à part). Et ce n'était pas en faisant du "Buffet" bio qu'on risquait d'émerger dans le débat.

Dominique Voynet a sa part de responsabilité dans l'échec annoncé. Elle s'est trop souvent positionnée en ex/future ministre de la gauche plurielle. Confrontée à des médias hostiles, d'autres candidats reprenant nos idées, elle a voulu parler de tout. Qu'ont bien pu retenir les électeurs ? Elle n'a vraiment abordé l'urgence écologique qu'en fin de campagne, bien trop tard. Aujourd'hui, Dominique Voynet semble découvrir qu'un mauvais score aux présidentielles nous nuira pour les autres élections...

L'exemple d'Airbus est assez parlant. Nous avions un sujet en or pour affirmer notre spécificité, inviter à réfléchir sur les reconversions nécessaires pour créer les emplois de demain. Nous avons été quelques militants à travailler sur le sujet pour lui amener des "billes". A-t-elle seulement reçu la synthèse que j'ai rédigée... Quand on voit que même notre porte parole toulousain préfère faire traduire un communiqué européen sur Airbus plutôt que diffuser cette synthèse sur le site du groupe Toulouse, on se demande pourquoi on bosse... Résultat, sur ce sujet comme sur d'autres, nous avons été inaudibles.

J'aurais espéré qu'en fin de campagne, le Collège Exécutif des Verts ainsi que notre candidate prennent la responsabilité de négocier un retrait avant le premier tour. Je ne pense pas que les dirigeants du PS étaient si sereins. Un accord de fin de campagne tel que décrit précédemment était sans doutes encore possible et aurait pu avoir un bon impact...

Mais les Verts sont-ils capables de porter collectivement une stratégie efficace pour mettre en oeuvre nos propositions et par là même de négocier avec le PS ? J'en doute. Je pense qu'il n'y a plus beaucoup d'esprit collectif chez les Verts. Je pense que malgré nos bonnes idées, c'est l'arrivisme et l'aveuglement qui dominent chez nous, à travers les écuries issues des motions (ou plutôt l'inverse). Voici la conclusion que je tire de 5 années de militantisme. C'est d'autant plus dur que les Verts comptent une foule de personnes généreuses, riches et attachantes. Mais c'est quand même fabuleux de voir comment une telle somme d'intelligences individuelles génère autant d'inconséquence collective. La dernière en date, la diffusion de cette liste de noms sortis d'un chapeau par notre coordination 31 en vue des municipales à Toulouse, sans consultation des militants, là, c'est la goutte d'eau... Je pensais que nous étions dans un parti démocratique...

Je diffuse ce message après la fin de la campagne, pour ne pas contribuer à casser encore plus le moral de ceux qui se sont bougés. Mais je n'ai pas eu envie d'attendre dimanche pour hurler avec les loups.
J'ai essayé de faire campagne, mais je me suis vite trouvé à cours d'arguments. Et vous conviendrez que distribuer des tracts pour se convaincre soi-même, ça frise la schizophrénie.

Voilà. Ce sont des questions existentielle qui vont sans doutes se poser pour nous dans les semaines qui viennent. Quelle utilité pouvons-nous encore avoir ? L'écologie a-t-elle encore besoin d'un parti dédié ou ne serait-il pas plus efficaces de défendre nos idées au sein d'autres formations politiques. Est-il possible de faire travailler ensemble un faible nombre de militants (au regard des autres principaux partis) seulement d'accord sur les questions écologiques et se répartissant entre la LCR et l'UDF sur le reste ?

Evidemment, je prends le risque me tromper. Peut-être ce texte sera ridicule dimanche soir. Eh bien croyez-le ou non, j'en serai très heureux. On peut toujours rêver...