vendredi 14 août 2009

90€ d'amende pour avoir grillé un feu rouge à vélo... et 35 € pour une auto qui stationne sur la bande cyclable.

A la lecture de l'article de la Dépêche du Midi (version internet) relatant l'histoire de cet étudiant en droit qui a pris 90 € d'amende pour un feu rouge grillé, je suis d'abord surpris pas le nombre de commentaires qui suivent. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le sujet est conflictuel...

Ce n'est pas simple il est vrai. Tout le monde doit respecter les règles communes, bien sûr. Mais les règles en question, élaborées essentiellement pour les automobilistes, tardent à évoluer. Certaines villes expérimentent le "tourne à droite aux feux pour les cyclistes" (Strasbourg, Bordeaux). Mais dans la plupart des agglomérations, la pratique du feu rouge brûlé est courante pour les cyclistes (et répréhensible, je le répète) et ne génère pas d'accidentologie particulière. Nous avons donc suffisamment de statistiques pour ne pas devoir faire d'expérimentations. Mais nous en faisons, histoire de retarder la manifestation de l'évidence et l'évolution de la règle...

Posons-nous aussi la question de l'intérêt des feux. Ils amènent assurément une sécurité à certaines intersections. Mais est-ce le cas pour toutes ? Les feux ont une autre fonction : la régulation du trafic, en liaison avec les nombreuses caméras réparties dans la ville et le PC circulation. La multiplication des feux est donc l'instrument d'une politique des déplacements donnant la priorité aux véhicules à moteur. Mais ces lourds investissements apparaissent aujourd'hui de moins en moins justifiés, en tous cas dans le centre-ville. L'heure est au partage de la rue et à la réduction des vitesses. A Nantes, le développement des mini-ronds-points a permis de sécuriser de nombreuses intersections sur des axes très passants. Plus généralement, la démarche "code de la rue" a déjà permis des avancées importantes avec la généralisation des double-sens cyclables dans les rues à sens uniques automobile en zone 30 et en instituant les zones de rencontre (donnant la priorité au plus faible et limité à 20 km/h). Mais il faut aller plus loin, en redéfinissant la rue comme ça déjà été fait en Belgique : la rue n'y a plus comme seule fonction la circulation mais prend en compte tous les usages de l'espace.

Il est temps de changer de siècle en matière de déplacements et d'espace public. Il est temps que les enfants puissent à nouveau jouer dans les rues. Nous avançons dans la bonne direction, mais j'admet qu'on puisse trouver le rythme d'avancement un peu lent...

mardi 4 août 2009

Consommer bio, pas qu'une question d'éthique

Dans son article paru dans le Libération du 3 août, titré en première page "la bio sur la banc des accusés", la journaliste se réfère à une "méta-étude" (agrégat d'études) concluant que les produits bio n'ont pas d'avantage nutritionnel par rapport aux autres. Jusque là, pas de problème. Mais l'article laisse penser qu'ils ne seraient pas meilleurs pour la santé des consommateurs.


Il est intéressant de s'arrêter sur l'objectif de cette opération de communication : associer strictement santé et valeur nutritionnelle des produits et déqualifier de ce fait l'avantage des produits bio en matière de santé. Oubliées les autres substances ajoutées - engrais, pesticides ("objet d'une prochaine étude") ! Oubliées les manipulations génétiques ! Oubliée la multiplication des cancers !


On est dans le schéma caricatural avec les consommateurs bio soucieux de la planète et puis les autres qui, ne recherchant qu'un bienfait personnel, pourraient - aux dires de la "méta-étude" - très bien consommer du non bio.


Or, c'est en s'adressant aux individus, pour leur santé, leur emploi, leur qualité de vie... que l'écologie peut devenir majoritaire. Il ne s'agit plus d'opposer le collectif à l'individuel, mais de faire en permanence le lien entre les deux. C'est plus évident, concret et bien moins moralisateur. Nous ne sommes pas des anges, nous voulons juste vivre mieux !