vendredi 19 février 2010

Eva Joly, maître judoka

Hier, dans un amphi bondé de l’Institut d’Études Politiques de Toulouse, Éva Joly et Gérard Onesta nous ont parlé de lutte contre la délinquance financière et des leviers possibles au niveau d’une région. En résumé, combattre les paradis fiscaux, c’est probablement la manière la plus efficace d’enrayer le détournement de ces milliards qui manquent cruellement au développement des populations les plus démunies, parce qu’abolir les paradis fiscaux revient à priver les multinationales du plus sûr moyen de planquer le fric et de le soustraire à l’impôt. Et une région peut s’engager à ne passer contrat qu’avec des sociétés vertueuses, comme quelques banques peuvent encore l’être. Voilà une idée qui pourrait faire boule de neige...

En dehors de ce débat fondamental en termes de moyens de régulation pour les États, ce que je retiendrai aussi, c’est cette douceur que dégage Éva Joly. Son autorité vient d’ailleurs, pas d’envolées verbales, simplement de ce vécu de lutte qui l’habite et qu’elle transmet presque charnellement. Gamin, j’ai fait du judo, et un principe énoncé par un professeur m’avait laissé perplexe : "la douceur est supérieure à la force". Merci à Éva de donner corps à ce principe. Elle n’est pas la première, mais ce n’est pas si fréquent.

A une heure électorale où la question des clivages peut faire débat - gauche/droite, centre ?, centre gauche/centre droit, révolutionnaire/régulateur/dérégulateur, que sais-je encore -, j’en vois un très clair : honnête ou complice de la mafia mondialisée. Il ne faut plus avoir peur des mots. C’est à une mafia que nous avons à faire et il est intéressant de constater qu’après le combat judiciaire, Éva Joly a choisi le combat politique.

Et face - entre autre - à un Sarkozy qui nous dit que le problème des paradis fiscaux est réglé, nous mesurons la difficulté de l’entreprise...

Avatar d'écolo

Amateur de ciné en général et de films de science fiction en particulier, il a bien fallu que j'aille voir Avatar. C'est un peu comme l'écologie. A partir du moment où le sujet devient central, chacun (et en particulier chaque politique) s'oblige à s'y intéresser, afin de mieux conjuguer le développement durable par ci et le bio par là, sans s'empêcher pour autant de prendre la bagnole pour faire 500 mètres.
Mais ne généralisons pas et ne nous égarons pas. Revenons à Avatar. Et en 3D s'il vous plaît. L'avantage avec la 3D, en tous cas en VO, c'est que les sous-titrages se détachent bien de l'image, comme en suspension dans la salle obscure... Bon alors ? Et bien c'est beau. Une esthétique un peu tape à l'oeil, mais on se laisse bien embarquer pendant plus de 2 heures. L'histoire ? Pas complètement idiot comme intrigue, mais sans surprise, avec une fin décevante. Après tout, si le but était de nous culpabiliser, nous humains, il eut fallu massacrer tous les habitants de cette belle planète jusqu'au dernier et repartir l'astronef gorgé du minerais convoité ! Mais une fin malheureuse aurait sans doutes fait quelques pépètes en moins pour notre ami James. James ? Cameron, le pote à Al Gore. Le nouveau gourou de l'écologie US. Il doit au moins rouler en Prius (pas de bol en ce moment...).
Alors que nous dit ce film en matière d'écologie ? Si vous voulez nous sauver, retrouver l'harmonie, retournez vivre dans la nature, dans les arbres ! L'enchevêtrement de toutes les racines de plantes forme un réseau autrement plus dense, plus riche, que notre pauvre réseau internet ! Respectez le chef ! Puis le fils du chef ! Vous ne devez vous accoupler que dans le parfait amour, dans le but de fonder une famille. Excusez-vous auprès de l'animal que vous venez de chasser. En résumé, pour sauver la planète, soyez de bons Peau Rouge ! Avatar est un western qui finit bien puisque ce sont les Indiens qui gagnent. Le spectateur américain peut verser une petite larme pour évacuer sa culpabilité encore inconsciente. Un peu comme la prière ou la confession pour chasser les pêchers... et repartir le coeur vaillant dans son 4x4.
Pour une vision américaine de l'écologie positive et inscrite dans la modernité, il va falloir attendre encore. Pas trop longtemps j'espère...