Réflexions généralement politiques de Philippe Goirand, sur notre société, l'écologie, en particulier la mobilité urbaine et le vélo.
samedi 25 décembre 2010
Vous avez dit vote utile ?
lundi 20 décembre 2010
LOPPSI 2 : circulez, y'a rien à voir !
Nous sommes bien loin de la prise en compte de l'humain, à commencer par les dispositions relatives aux personnes sans domicile fixe : la loi LOPPSI 2 prévoit une procédure d’exception, à l’initiative du Préfet et en l’absence du juge, pour expulser les habitants installés de manière « illicite ». Sans minimiser les questions de cohabitation entre personnes sans domicile fixe et riverains, il est quand même trop facile de vouloir résoudre ces situations en se dotant d'un arsenal juridique pour faciliter encore les expulsions.
La droite montre ici tout ce qu'elle porte de plus nauséabond. Au lieu de tenter de résoudre des difficultés, pour l'essentiel dues à la précarisation de plus en plus de gens, c'est tellement plus simple d'éliminer le "problème" par des expulsions, si besoin musclées et sans suivi judiciaire. Pour envoyer les gens où ? Hors de France ? Beaucoup sont français…
Puisqu'il est question dans cette loi de "performance", interrogeons-nous sur le coût social d'un dispositif créant encore plus de désespoir dans la population. La manifestation de samedi s'est terminée par des affrontements très durs en plein centre de Toulouse. S'agit-il vraiment d'améliorer le Vivre ensemble, ou de servir les intérêts des lobbies de la sécurité ?
C'est avec des projets comme ceux-là qu'on banalise les idées d'extrême droite et qu'on fait le jeu de Madame Lepen… Et l'histoire nous enseigne que les électeurs préfèrent l'original à la copie.
vendredi 17 décembre 2010
Débat sur les VélOToulouse
Je vous remercie pour votre voeu qui est l'occasion de faire un point sur les VélOToulouse et plus généralement sur les services vélo.
Les avantages des Vélos en Libre Service (ou VLS) sont évidents : je retiendrais surtout la visibilité, l'image positive et novatrice qu'ils ont donné au vélo, et aussi le fait qu'ils ont permis aux sceptiques de s'y remettre.
Nous devons aussi regarder les inconvénients du système parmi lesquels le coût pour la ville : 4, 7 M € par an, ce qui revient à 2000 € par vélo et par an. 2 à 3 fois plus que ce que vous avez consacré annuellement aux aménagements cyclables pendant votre mandat ! Mais nous sommes au niveau d'un coût par déplacement comparable à nos transports collectifs. Donc, ça se défend. Mais quand je vois une ville comme Strasbourg dépasser les 10 % de déplacements à vélo sans avoir de VLS, je ne peux m'empêcher de penser qu'il aurait fallu commencer par un plan vélo global avec en premier lieu des aménagements cyclables continus et de qualité.
Le voeux du groupe UMP indique un autre problème : celui de la vacuité ou de la saturation de certaines stations à certaines heures. Mais nous ne pouvons pas attendre que des universités, des stades ou des lieux de spectacles puissent être desservis efficacement par des stations VélOToulouse pouvant accueillir au maximum une soixantaine de vélos. Je regrette que vous le découvriez maintenant, Mr Moudenc.
A nous de proposer aux Toulousains d'autres moyens de pratiquer le vélo urbain. C'est le sens de la convention passée entre le Grand Toulouse et la Maison du Vélo qui propose la location de vélos classiques ou pliants. C'est le sens de l'évolution récente du PLU, pour développer le stationnement des vélos dans les logements neufs. C'est enfin le sens du plan vélo en préparation qui doit nous permettre entre autre de développer encore le stationnement sécurisé et la location.
Après, nous avons bien sûr en tête d'améliorer le service rendu par les VéloToulouse et en particulier d'obtenir une meilleure rotation.
Mais ôtez-moi d'un doute… Ce contrat qui nous engage pour 15 ans à 4,7 M € / an, avec comme vous le dites, un service qui doit être amélioré, c'est vous qui l'avez signé… Je trouve assez fort que par un voeu, vous nous demandiez de renégocier quelque chose que vous avez vous-même conclu pour 15 ans.
Eh bien figurez-vous que c'est déjà ce que nous sommes en train de faire. Mais contrairement à vous, non contraints il est vrai par une échéance électorale, nous avons choisi de prendre le temps de négocier dans l'intérêt des usagers et de la collectivité.
jeudi 16 décembre 2010
A propos des projets de LGV.
Après les vifs échanges en conseil de communauté entre PS et EELV sur les projets de LGV Tours/Bordeaux et Bordeaux/Toulouse, voici quelques arguments...
Les écologistes soutiennent depuis longtemps le train plutôt que l'avion et la route.
Mais un projet de cette ampleur et de ce coût doit s'inscrire dans la vision globale d'une ligne ralliant Montpellier et Barcelone, et d'une relance du fret ferroviaire - en particulier grâce à la voie ferrée libérée - . Sans assurances sur ces points, le partage de la ligne existante entre TGV et TER devient l'option la plus réaliste.
Avec les travaux prévus sur le tronçon Tours Bordeaux, Toulouse serait déjà à 4h de Paris. Sans doutes de quoi convaincre de nombreux usagers de l'avion lorsque le baril de pétrole dépassera les 200 $.
Sur le plan financier, ce sont plusieurs centaines de millions d'€ que les collectivités locales devront mettre au pot du projet de LGV Bordeaux Toulouse. Autant d'argent à ne plus consacrer à nos transports en communs locaux, à nos réseaux cyclables… Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Vaut-il mieux gagner 45 minutes pour rallier Paris ou avoir plusieurs nouvelles lignes de tram dans l'agglomération ? Que valent les quelques milliers de bourgeois qui voyagent quotidiennement entre Toulouse et Paris, par rapport aux (quelques) CENTAINES de milliers d'usagers actuels et potentiels des transports collectifs et aménagements cyclables de l'agglomération toulousaine ? A lire le préambule du point d'étape du Plan de Déplacements Urbain traitant des transports collectifs, ces privilégiés seraient donc en partie responsables de ce PDU moins ambitieux ?
Est-il normal que depuis les années 2000, l'Etat se désengage à ce point de projets d'infrastructures nationaux et européens ? Pourquoi nos collectivités devraient-elles payer pour nous rapprocher de Paris ? Peut-être serait-il plus pertinent de nous rapprocher d'abord de Barcelone... Est-il normal qu'avec les Partenariats Public Privé, l'argent public finance d'énormes rentes pour des groupes privés ? Est-il normal qu'un état organise la concurrence entre les collectivités territoriales pour le développement des infrastructures nationales ?
Aujourd'hui, le premier argument commercial pour un avion de ligne est sa consommation, donc son coût de fonctionnement. Il serait peut-être utile de considérer le train sous cet angle. Les techniciens nous disent qu'au delà de 250 km/h, l'efficacité économique du train baisse, et même que 220 km/h suffisent.
A la voix des techniciens, ajoutons celle des usagers réguliers de la SNCF. Que demandent-ils ? "Plus vite, plus vite !" ou "Donnez-nous notre train quotidien !", si possible fiable, régulier et confortable... Le réseau ferré est plus que vieillissant. Il faut s'atteler en urgence à sa modernisation. Le train n'a pas vocation à ne desservir que les métropoles et prendre le reste des habitants de ce pays pour des vaches... à lait.
J'en oublierais presque les questions écologiques... Quel serait son impact environnemental réel en construction et en fonctionnement ? En aménagement du territoire. En émissions de Gaz à Effet de Serre. En biodiversité... Après tout, même si l'on ne s'en rend pas compte à 250 km/h, ce ne sont pas que les contribuables non desservis qui regardent passer le TGV.
Enjeu écologique, enjeu financier, enjeu de société : dans quel monde voulons-nous vivre ? Nous avons tous rêvé d'un monde futuriste où l'on voyageait à grande vitesse. C'était le temps du Concorde, des routes sans limitation de vitesse, des hydroglisseurs, des trains sur coussin d'air et aussi... des débuts du TGV ! Mais déjà, le pétrole, à défaut de manquer, nous faisait quelques "chocs" et nous nous mettions à vouloir "avoir des idées", faute de pétrole, à dire "La vitesse, c'est dépassé".
Pensons d'abord à moderniser les trains existants pour y rendre les voyages plus propices au travail, plus agréables et plus reposants. Après tout, quoi de plus rapide dans un emploi de temps qu'un trajet en train de nuit (à condition d'arriver à y dormir...) ?
Essayons d'anticiper notre futur le plus probable, plutôt que de rester figés dans un futur rêvé, mais dépassé.